Eric Goata : Il existe un décalage de perception entre les dirigeants (dont les DRH) et les salariés sur l’impact du numérique dans le contenu de leur travail. La gestion des urgences et le gain de performance permis grâce aux outils numériques sont moins bien perçus par les salariés. Il y a dans l’hyperconnexion numérique, des effets contre productifs, encore peu encadrés par les organisations, qui agissent sur les capacités cognitives (perte de concentration, de prise de recul, incompréhensions…). La transformation numérique dans les organisations se doit donc d’être accompagnée et évaluée au plus près du terrain pour être la plus efficace possible.
Eric Goata : La transformation numérique bouleverse les usages professionnels et contribue à une intensification du rythme de travail. La communication est facilitée et prend place par une grande quantité de canaux (échanges en face à face, e-mails, téléphone, SMS, intranet…) en tout temps. Les collaborateurs peuvent se trouver pris dans un flot ininterrompu de messages et ressentir une sensation de débordement. Nous sommes aujourd’hui dans une culture de l’immédiateté, sans temps dédié pour temporiser et réfléchir. D’autre part, les codes de communication évoluent. Nous écrivons de moins en moins, parfois avec des onomatopées, des smileys, des niveaux de langage différents… et des incompréhensions peuvent naître. Ces nouveaux usages s’installent et ne sont pas toujours cadrés dans les entreprises.
Eric Goata : Tout d’abord, la transformation numérique d’une organisation se doit d’être cadrée stratégiquement par la direction, avec des objectifs clairs (par exemple, améliorer la communication, augmenter l’efficience, la satisfaction client…), et accompagnée de mesures partagées par tous concernant les usages de ces nouveaux outils. Ensuite, cette transformation numérique doit faire l’objet d’un suivi dans le temps, par un groupe projet composé de la direction (DRH, direction transformations…), de la médecine du travail et des représentants du personnel. Un audit peut s’avérer utile pour déceler les difficultés des collaborateurs, avec des questions telles que « Êtes-vous satisfaits des outils numériques à disposition ? », « Sont-ils efficaces ? », « Quel impact ont-ils sur le contenu de votre travail ? (fluidification de la communication, retard, stress…) ». Enfin, pour contrer les effets néfastes des nouveaux outils numériques, trois types de solutions existent :