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"Que penses-tu de ma prochaine prime d’intéressement ?"
"En tant que modèle de langage, je ne suis pas en mesure d’avoir des opinions personnelles car je ne suis pas capable de ressentir des émotions ou d’évaluer des situations financières spécifiques. Cependant, je peux vous donner des informations générales sur les primes d’intéressement et vous donner des conseils pour les gérer au mieux."
Voici le résultat actuel d’une requête qu’un salarié pourrait demander à son RH en utilisant l’agent conversationnel ChatGPT, créé par l’organisation à but lucratif de recherche en intelligence artificielle OpenAI.
Le résultat est encore assez générique et ChatGPT énumère ensuite quelques règles générales sur les modalités de calculs des primes d’intéressement. Mais on voit bien jusqu’où ce type de services pourrait conduire à l'avenir…
ChatGPT est affiné en continu grâce à l'utilisation de techniques d'apprentissage supervisé et d'apprentissage par renforcement. Le succès de ChatGPT est quantifié par les 100 millions d’utilisateurs enregistrés depuis l’ouverture au grand public de ce prototype en novembre 2022.
Mais reprenons le cas d’un salarié qui souhaite avoir sa réponse, en imaginant une version de ChatGPT spécifiquement dédiée à la RH et connectée de manière simultanée à toutes les bases légales et les accords collectifs associés.
« As-tu une opinion sur mes droits en termes de prime d’intéressement cette année ? »
« IA RH : étant une intelligence artificielle générant du texte dans le respect stricte des textes légaux de votre pays, des accords collectifs de votre branche et de votre entité juridique de rattachement, je ne peux avoir d’opinion sur vos droits. En revanche, je peux vous indiquer que selon les règles appliquées cette année pour votre entité, vous aurez droit à 1400 € de prime d’intéressement que vous pourrez placer sur votre CET ou sur le plan d’épargne de l’entreprise. Êtes-vous satisfait de la réponse ? »
Le résultat devient ici tout de suite plus pertinent pour le salarié car l’IA a accès aux bonnes sources de données lui permettant un niveau de fiabilité élevé dans la réponse apportée, ce que ne font pas encore des modèles génériques tels que ChatGPT.
Mais les avancées et les investissements sont tels dans le champ des IA dites « génératives » - capables de générer du contenu unique sur plusieurs formats (texte, image, audio, vidéo) - que des ruptures majeures sont anticipées dans la fonction RH dans les années à venir.
Une rupture est certaine dans les prochaines années dans les entreprises : la gestion massive, par des IA bien entraînées, de tâches opérationnelles exigeant da la génération de textes ou de documents.
Prenons le cas de la fonction RH uniquement :
Tous ces points vont bientôt être passés à la moulinette de l’intelligence artificielle.
Ces actions pourraient être directement prises en charge par un agent conversationnel utilisant l'intelligence artificielle, entraîné directement sur les bons textes juridiques, incollable sur le réglementaire national accessible en ligne et connecté à vos outils SIRH afin d’avoir en temps réel l’organisation de l’entreprise et les éléments d’évolution de carrière.
Ce type d’IA générative serait capable de générer les documents administratifs dans le bon format et accessible via la suite Office 365 incluant Teams (ce que Microsoft a annoncé en février 2023 dans sa feuille de route pour ChatGPT).
On peut supposer que 99 % des questions et de requêtes effectuées par un salarié à son centre de services partagés RH (CSP RH) pourront être traités par des IA génératives.
Les activités suivantes pourront demain être prises en charge en grande partie par des IA :
Plusieurs contraintes sont à prendre en considération pour que ces applications concrètes au monde RH adviennent :
Mais deux de ces limites sont les plus bloquantes pour le moment : la quantité de données et la génération de contenu trompeur ou inapproprié.
Concernant la quantité de données, tous les modèles d’IA génératives fonctionnent sur ce principe clé : « plus de données = plus de justesse dans les contenus ». Cependant, si nous reprenons les questions critiques comme la paie ou les avantages sociaux, la fonction RH ne pourra jamais se contenter d'un taux de réponse n'étant pas juste à 100%...
Il faudra donc envisager un entraînement spécifique pour la fonction RH et restreint sur des sources de données légales : Légifrance, le Code du Travail, les accords de branche et d’entreprise. C’est ce qu’affirme en tout cas Josh Bersin, un des analystes RH les plus réputés mondialement depuis 20 ans, dans son blog.
La génération de contenu trompeur est le deuxième problème majeur. A partir du moment où les corrélations entre les mots font sens, les IA génératives telles que ChatGPT peuvent affirmer sur un ton assertif des erreurs majeures. Une gestion collective des corrections pourra sans doute améliorer fortement le niveau de réponse.
Les IA génératives permettront sans doute de révolutionner le rapport du salarié à la fonction RH et notamment le lien avec des CSP RH dédiés.
De nouveaux CSP RH pourront voir le jour avec une part essentielle de leur activité sur l’entraînement et l’évolution d’IA génératives orchestrée de manière intelligente avec des robots dans les outils SIRH.
Anne Doré (ADHEL & Clusif) : "Le RH a un rôle clé à jouer dans la cyber résilience"