Dénonciations en ligne : les dessous du name & shame
Mis à jour le 29/11/2024
Par où commencer ? Peut-être par le début et en définissant ce qu’est le name & shame ? Il s’agit d’une expression anglosaxonne caractérisant une pratique apparue outre-Manche à la fin des années 2000. Si l’on opte pour une traduction littérale des termes, cela consiste donc à nommer et à faire honte à un individu ou à une organisation sur la place publique.
Extrait d'un grand angle publié dans le numéro 612 du magazine de l'ANDRH !
Bien que les raisons pour entreprendre ce type de démarche puissent être variées selon les individus ou entités à l’origine de la dénonciation, le but est commun : mettre en lumière des pratiques jugées comme non éthiques. Jusque-là, avant l’avènement des réseaux sociaux, les médias traditionnels étaient les canaux privilégiés pour mener ce genre de campagne. Mais de nos jours, un smartphone et une connexion Internet suffisent amplement !
Et cela a largement été démontré notamment lors d’affaires de type « #MeToo » qui ont bousculé l’ordre établi et mis fin à la culture du silence dans certaines industries. Sauf qu’aujourd’hui, ce qui semblait être à l’origine un mouvement visant à toucher des personnes bien identifiées semble s’étendre à de nombreux secteurs, touchant ainsi tous type de cibles (structures et individus).
Vous avez vu sur Instagram ?
Pour mesurer par soi-même l’ampleur de ce phénomène ces derniers temps, un simple tour sur Instagram en tapant le mot-clé « balance » suffit. Ce que l’on y trouve ? Des dizaines de comptes visant à dénoncer des secteurs d’activité, des professions ou encore des structures.
Bien que les audiences de ces comptes soient plus ou moins larges, et que les publications soient plus ou moins régulières, ce que l’on peut observer, c’est que l’idée séduit et fait des émules. Post après post, les témoignages et citations chocs se suivent sur des templates plus ou moins colorés. Et c’est là que les contributeurs anonymes de ces comptes livrent leur vérité et la partagent avec leurs followers. Mais quelles significations profondes peut-on trouver à ces actions ?
Quand il y en a marre…
La première raison, et la plus évidente pour expliquer ce phénomène de dénonciation en chaîne, c’est la lassitude. Entre insultes, comportements sexistes et harcèlement, les motivations pour contribuer, dénoncer et ainsi alimenter ces comptes ne manquent pas.
"On pense souvent que les questions de harcèlement ou de discrimination sont des problèmes individuels, alors que c’est parfois le cadre même de l’organisation qui autorise de tels comportements. »
De plus, ceux-ci sont, aux yeux de certains, une manière de se mobiliser et ainsi d’apporter leur contribution pour que les choses évoluent positivement. Au-delà de la mobilisation collective pour pointer du doigt ce qui ne va pas, une place est également laissée aux personnes souhaitant apporter des témoignages contraires, permettant à chacun de se forger sa propre opinion.
Et il se trouve que les individus ne sont pas les seuls à employer ce genre de démarche pour se faire entendre et mettre en lumière ce qui ne leur convient pas…
Les organisations ne sont pas en reste…
Bien que les voix d’individus rassemblés en collectif soient plus nombreuses à s’élever dernièrement, ces méthodes ne sont pas étrangères aux institutions et associations.
S’il n’y avait qu’un exemple à citer pour étayer ce point, faisons un rapide retour sur un cas concret, en lien avec le domaine des RH ! Un petit indice ? Si l’on vous parle de l’Index égalité femmes hommes, est-ce que cela vous rappelle quelque chose ? Eh bien, il s’avère qu’il y a quelques années, le Gouvernement lui-même a usé du name & shame pour dénoncer les mauvais élèves en matière de féminisation des instances dirigeantes.
Et il n’est pas le seul à être coutumier du fait… En effet, historiquement, cette pratique est un moyen pour les associations et ONG de mettre en lumière des agissements peu éthiques. Dans leur ligne de mire ? Des entreprises à épingler sur des questions diverses : manque de transparence, greenwashing, discriminations à l’embauche… Les motifs ne semblent pas manquer pour passer à l’attaque mais que faire lorsque l’on se trouve de l’autre côté de la barre ?
Pour aller plus loin
Avocat associé au sein du cabinet Fromont Briens